Les hommages pour le délinquant en col blanc décédé qu’était Bernard Tapie, aka Nanard. Passons en revue ces différents hommages.
Le président de l’OM
La présidence de l’OM de Bernard Tapie est marquée par 2 affaires judiciaires retentissantes :
Le match truqué VA-OM (1995):
En mai 1993, un joueur du club de football de Valenciennes révèle une tentative de corruption de la part de l’Olympique de Marseille. Bernard Tapie, président de l’OM depuis 1986, est condamné dans cette affaire le 28 novembre 1995 pour «complicité de corruption et subornation de témoins». Il écope de deux ans d’emprisonnement, dont huit mois ferme, et de trois ans d’inéligibilité. Après 165 jours de prison, il obtient en juillet 1997 une libération conditionnelle.[…]
Les comptes de l’OM (1998):
Bernard Tapie, une longue liste d’ennuis judiciaires, Le Figaro, 28/06/20
En 1998, Bernard Tapie revient de nouveau sur le devant de la scène judiciaire en tant qu’ex-président de l’OM (1986-1994). Ce sont cette fois-ci les pratiques financières du club entre 1987 et 1993 qui sont pointées du doigt, notamment des «prêts» ou des commissions occultes versés aux intermédiaires de joueurs lors des transferts. Ces pratiques douteuses concernent une vingtaine de personnes pour des détournements évalués à plus de 15 millions d’euros. Dans ce dossier, l’homme d’affaires est poursuivi pour «faux, usage et recel de faux, abus de confiance et de biens sociaux». Il est condamné le 4 juin 1998 à Aix-en-Provence à trois ans d’emprisonnement avec sursis, 45.700 euros d’amende et cinq ans de privation de ses droits civils et civiques.
Certes, un président de l’OM remarquable mais surtout pour ses magouilles !
Tapie l’entrepreneur
Comme l’explique le journal Capital :
En multipliant les rachats à prix cassés d’entreprises, [Bernard Tapie] s’était retrouvé à la tête d’une petit empire industriel dans les années 1980. Mais rares sont les sociétés qu’il réussit à faire prospérer.
Bernard Tapie, “serial entrepreneur” au bilan modeste, Capital, 03/10/2021
Bernard Tapie rachetait des entreprises en difficulté, souvent financé par l’emprunt, pour les dépecer. C’est le pire de ce que peut offrir le capitalisme financiarisé avec la pratique du leverage buy out. Il laisse des entreprises soit découpées soit surendettées. Son endettement, principalement auprès du crédit lyonnais, faisait toujours l’objet de contentieux. C’est évidemment sans compter toutes les malversations qui ont lui valu de faire de la prison ainsi qu’une interdiction de gestion d’entreprise. Bref, on fait mieux comme entrepreneur. Les Guignols avaient même dédié une chanson aux combines de Nanard l’entrepreneur :
Tapie, l’homme contre l’extrême-droite
Puis quand on creuse, on voit que derrière la posture, Tapie n’hésitait pas à s’allier avec Le Pen père quand il le fallait :
Conclusion

Bernard Tapie a pu s’engager “à gauche” car il a pu profiter d’une place libre au sein du Parti Radical de Gauche (PRG), une organisation d’orientation libérale sans vrai substrat idéologique. Ce qui était parfaitement adapté pour Bernard Tapie. De la même génération que Trump, il se sera fait connaître du grand public avec des méthodes similaires. Ils ont mis en avant leur profil d’homme d’affaires et ont su se creuser une place dans l’espace médiatique avec leur gouaille. La seule différence, c’est que Trump a fini par devenir ouvertement d’extrême-droite. Alors que Tapie se contentait de pactiser avec elle en privé et a simplement fini par soutenir l’UMP de Nicolas Sarkozy. Ce dernier le lui a bien rendu avec un arbitrage (à la limite de la légalité) qui a permis à Tapie de récolter 403 millions d’euros. Bernard Tapie, c’est aussi la connivence entre l’affairisme et le pouvoir.
Hits: 3578